L' EAU
L’eau. est source de toute vie, reine silencieuse des aliments, et symbole universel du sacré, du passage, de la régénération.
💧 L’eau : origine cosmique et sacrée
Dans de nombreuses mythologies, l’eau est la substance primordiale :
Chez les Babyloniens, le monde naît du chaos aquatique (Tiamat).
Dans le Coran, “Nous avons fait de l’eau toute chose vivante” (Sourate Al-Anbiya, 30).
En Égypte ancienne, le dieu Noun représente l’océan originel d’où surgit la création.
En Grèce, les fleuves comme le Styx sont des passages entre les mondes.
L’eau est donc avant la forme, avant le feu, avant le mot.
🫗 Roi des aliments : invisible mais essentiel
L’eau ne nourrit pas par le goût, mais par sa présence dans chaque aliment vivant.
Elle est le premier ingrédient de toute cuisson : bouillir, mijoter, infuser, laver, fermenter.
Elle est le vecteur du goût, le révélateur des textures, le lien entre les éléments.
| Usage culinaire | Rôle de l’eau |
|---|---|
| Cuisson | Transmet la chaleur, attendrit |
| Fermentation | Active les levures, crée la vie |
| Conservation | En saumure, en vapeur, en glace |
| Purification | Lave, rince, bénit |
🕊️ Symbolique spirituelle et rituelle
L’eau est purification : ablutions, baptêmes, mikveh, ghusl.
Elle est mémoire : chaque rivière porte les récits des peuples.
Elle est passage : entre l’enfance et l’âge adulte, entre le profane et le sacré.
Elle est féminine et fluide, mais aussi puissante et destructrice comme le déluge, comme les larmes.
🕯️ Lecture poétique
L’eau ne parle pas, mais elle porte tous les chants. Elle ne nourrit pas par la bouche, mais par le souffle.
Elle est le silence du goût, le miroir du monde, le roi qui ne s’assoit jamais sur un trône, mais qui habite chaque graine, chaque feu, chaque bouche.
Au Maroc, l’eau n’est pas seulement une ressource, c’est une question de souveraineté, de justice sociale, et de survie collective. Face au changement climatique, à la pression démographique et à la raréfaction des pluies, le Royaume a engagé une véritable refondation de sa politique de l’eau, entre héritage hydraulique et innovations stratégiques.
💧 Une tradition hydraulique ancienne
Depuis les années 1960, sous feu SM Hassan II, le Maroc a construit plus de 149 grands barrages, des milliers de puits et de canaux, dans une logique de mobilisation des eaux de surface.
Cette politique a permis de soutenir l’agriculture irriguée, l’urbanisation, et l’accès à l’eau potable dans les zones rurales.
Mais aujourd’hui, ce modèle est fragilisé par la sécheresse chronique, la surexploitation des nappes phréatiques, et la pollution des ressources.
🛠️ Le Plan National de l’Eau 2020–2050
Ce plan est la feuille de route stratégique pour les 30 prochaines années :
Dessalement de l’eau de mer : construction de stations à Casablanca, Rabat, Nador, Tanger, Tiznit, Dakhla.
Transfert interbassins : comme l’“autoroute de l’eau” entre Sebou et Abouregreg, qui a évité une crise à Rabat et Casablanca.
Réutilisation des eaux usées : 158 stations d’épuration en service.
Économie d’eau en agriculture : irrigation localisée, valorisation des eaux pluviales.
Modernisation de la gouvernance : intégration des secteurs eau-énergie-agriculture dans une logique de “nexus”.
⚠️ Défis et tensions politiques
Le chef du gouvernement Aziz Akhannouch a dénoncé un retard de 10 ans dans la mise en œuvre de la station de dessalement de Casablanca, dû à des blocages politiques.
Il évoque un héritage lourd, avec des stocks d’eau potable couvrant à peine 3 à 4 mois pour les grandes villes.
Des accusations de conflits d’intérêts ont été lancées autour des appels d’offres, mais le gouvernement affirme leur transparence.
🌍 Vers une souveraineté hydrique durable
Le Maroc explore aussi le nucléaire civil comme levier pour dessaler l’eau de mer à grande échelle.
Des partenariats sont en cours avec la Russie et l’Union européenne pour développer des réacteurs et des technologies adaptées.
L’objectif est de réduire la dépendance énergétique et de sécuriser l’approvisionnement en eau, même dans les zones arides.
🕊️ Lecture poétique
L’eau au Maroc, c’est l’héritage des barrages, le chant des oueds, et désormais, le défi des mers salées.
Elle est mémoire et avenir, politique et prière, ressource et droit.
Le dessalement au Sahara marocain est bien plus qu’un projet technique c’est une vision stratégique, une réponse à la soif ancestrale, et une affirmation de souveraineté territoriale. Dans cette région aride, où l’eau douce est rare mais l’océan proche, le Maroc transforme le sel en source, le désert en promesse.
🌊 Pourquoi le Sahara ?
Le Sahara marocain, notamment les régions de Dakhla et Laâyoune, connaît une pression hydrique extrême : nappes phréatiques surexploitées, pluies rares, urbanisation croissante.
L’eau est indispensable pour :
L’agriculture saharienne (palmiers à Zagora, serres, élevage).
Le tourisme côtier.
Les projets industriels et portuaires (comme le port Atlantique de Dakhla).
🏗️ Projets en cours et innovations
🏭 Station de dessalement de Dakhla
Partie intégrante du Programme National pour l’Approvisionnement en Eau Potable et l’Irrigation 2020–2027.
Elle illustre une politique de dessalement ciblée, adaptée aux besoins croissants de la région.
🧪 Innovation écologique
Des chercheurs de l’Université Ibn Zohr ont développé une membrane céramique locale pour améliorer le dessalement tout en réduisant l’impact environnemental.
Cette technologie permet :
Une réduction de la turbidité jusqu’à 98 %.
Une élimination totale des particules solides.
Une durée de vie prolongée des équipements.
⚡ Énergies renouvelables et souveraineté
Le Maroc mise sur le solaire et l’éolien pour alimenter les stations de dessalement, notamment dans le Sud.
Cela permet de réduire les coûts, limiter les rejets polluants, et renforcer l’autonomie énergétique.
Le Sahara devient ainsi un laboratoire de résilience climatique, où l’eau salée devient eau de vie.
🕊️ Lecture poétique
Le Sahara, c’est le silence du sel, le chant du vent, et désormais, la promesse de l’eau.
Le dessalement, c’est l’alchimie moderne, le miracle du sel inversé, le pacte entre le désert et la mer.






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